Un des endroits que j'ai le plus aimés au Pérou, peut-être le plus aimé, SILLUSTANI, un cimetière pré-hispanique, a une trentaine de kilomètres de PUNO, un endroit désolé a l'écart de toute vie, peu visité. C'est très bien comme, faire du tourisme sans la la foule, que demander de plus, c'est certainement autrement chose.
Le seul nom de SILLUSTANI m'attirait. Il y a comme une douceur dans ces syllabes, quelque chose qui vous chuchote a l'oreille : viens, regarde et repose toi. Et ce fut le cas. J'avais réservé une excursion à l'hôtel mais quand j'ai su que je n'allais rester qu'une demi-heure j'ai préféré louer un taxi. Pas de guide mais du temps, la paix et pour un tel lieu c'est l'ambiance qui compte.
En quarante-cinq minutes de taxi (il m'attendra pour le retour) j'arrive au site, je passe l'entrée et il faut ensuite grimper un long chemin pour arrive sur le site même. Finalement on arrive sur un plateau accidenté d'où l'on a une vue merveilleuse sur le lac et la presqu'ile d'Umayo.
Les COLAS qui régnaient sur la région ont enterré ici leurs morts, au moins les souverains et les nobles, dans des tours géantes, les chullpas. Les tours sont orientées a l'est, face au soleil levant, et l'on y enterrait le défunt en position fœtale, avec des provisions pour le long voyage jusqu'à leur renaissance.
De la plupart de chullpas, dont certains s'élevaient jusqu'à douze mètres, il reste a peine des bases a l'exception de l'un d'entre eux dont les énormes pierres se dressent jusqu'à huit mètres.Les archéologues, on peut les remercier, sont en train d'en reconstruire un pour montrer aux visiteurs comment se présentait une de ces tombes a l'époque des colas.
Ce chullpa en voie de rénovation d'après études des experts
Estan renovando este chullpa con estudios de unos expertos.
Les constructions sont de pierres massives, mais pas toutes il est vrai comme on le voit ci-dessus, du genre de celles que l'on verra plus tard entre autres a Cuzco, à Pisac et dans la vallée sacrée. C'est toujours impressionnant de voir comment avec si peu de moyens on arrivait a de tels résultats.
Mais si les tours sont impressionnantes il n'en reste pas moins que c'est l'ambiance, l'atmosphère du lieu qui a quelque chose particulier. Sur ce plateau désolé au milieu de herbes jaunes, des pierres, le lac Umayo a l'eau transparente, une petite brise, on perd un peu pied, on vit un moment de rêve, un moment rare. Un jeune touriste, assis sur un rocher, perdu dans la contemplation du panorama du lac en oublie d'écrire sur son carnet. C'est sans doute que tout se grave dans sans tête.
Mais brutalement je redescends sur terre car j'entends de drôles de bruits. En levant la tête je vois un troupeau de lamas s'approcher. Que faire ? Ils ont l'air décidé et moi je ne peux pas trop courir dans les pierres. Finalement je prends l'appareil photo, je le mets en mode vidéo et advienne que pourra, je mourrai au combat des touristes ! Les lamas qui broutaient tranquillement arrivent, est-ce que cela va être la cata ?
Noooonnn ! Au moment où l'un d'eux allait m'embrasser, le berger, en habit indien, plus vrai que nature, arrive, lance un cri et tout rentre dans l'ordre. Ça l'a bien fait rire, moi un peu moins. On parle, c'est sympa mais la magie s'arrête d'un seul coup lorsqu'il me demande "una propina" (un pourboire). Bof, je lui donne volontiers. Après tout j'ai failli avoir un baiser de lama, ce n'est pas courant.
La route avait même un écoulement !
El camino hasta un derrame tenia !
Plus bas, arrivent des touristes français, sans doute un groupe Kuoni. Sillustani ce n'est pas au programme du fameux tourisme a la FRAMçaise ! Je les regarde monter avec leur petit bâton de randonneur tout neuf et j'ai un doute. Pourquoi arrivent-ils par par ce chemin si facile en pente douce ? Mais oui bien ! Quel idiot je suis ! En fait c'est moi qui dans mon enthousiasme suis entré par la sortie d'où la grimpette pénible du début !